Seniors en EHPAD : l’importance du plaisir dans l’alimentation

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L’instant du repas en EHPAD dépasse de loin la fonction nutritive. Dans ces établissements, le déjeuner ou le dîner se mue en repère temporel, en prétexte aux retrouvailles, en terrain de souvenirs enfouis et en levier de maintien de l’appétit. Au cœur des préoccupations des aidants et des proches, le plaisir alimentaire s’impose comme un paramètre majeur de la qualité de vie, avec pour enjeu direct de prévenir la dénutrition qui touche encore 30 % des résidents en France selon la Haute Autorité de Santé. Voyons plus en détail l’importance du plaisir dans l’alimentation des seniors en EHPAD.

Le repas, un moment clé

Manger n’a jamais relevé d’un simple calcul de calories et de protéines. L’acte de se mettre à table convoque la mémoire des saveurs d’enfance, les habitudes culturelles et les rituels familiaux qui ont accompagné chaque trajectoire de vie.

Jean Trémolières, médecin diététicien, rappelait que « l’homme ne se nourrit pas d’aliments mais de symboles », une réalité palpable dans le quotidien des EHPAD où le personnel consacre près d’un tiers de son temps à l’aide à l’alimentation, comme le souligne le site https://www.sogeres.fr/offres/personnes-agees/.

Donner à manger revient à prolonger la dignité, réveiller la curiosité gustative, encourager la prise alimentaire par l’échange. Pour les résidents, le repas devient une scène d’évocations, une parenthèse où l’on se raconte à travers les plats, tout en maintenant son organisme dans un état de santé satisfaisant.

Redonner place au goût

L’idée reçue selon laquelle le grand âge effacerait le plaisir gustatif persiste dans certains esprits. Pourtant, études et observations de terrain concordent : le goût reste un moteur fondamental de l’envie de manger, même lorsque l’âge ou la dépendance s’installent.

Les résidents sont nombreux à délaisser les assiettes lorsque les plats ne correspondent pas à leurs goûts ou manquent de relief aromatique, induisant une baisse de la consommation alimentaire et un risque de dénutrition.

Rehausser l’aspect gustatif des repas, par des plats travaillés, des épices adaptées ou une cuisson respectant la texture attendue, se révèle un levier simple et efficace pour stimuler l’appétit tout en renforçant la satisfaction au quotidien.

Facteurs cognitifs et alimentation

Les facteurs cognitifs façonnent de manière subtile la relation des résidents à l’alimentation. La mémoire des saveurs oriente leurs choix et favorise une meilleure prise alimentaire lorsque les plats servis résonnent avec leurs habitudes d’avant l’EHPAD : pot-au-feu, gratins, desserts de leur enfance.

Pour beaucoup, un plat familier agit comme une madeleine de Proust, réactivant des souvenirs heureux liés aux repas familiaux et restaurant le plaisir de manger.

L’ancrage générationnel doit guider les propositions de menus pour raviver des souvenirs positifs associés aux repas familiaux.

La perception des quantités influe également sur l’appétit : des portions jugées excessives par les résidents peuvent générer une forme de découragement dès le premier coup d’œil, réduisant la prise alimentaire.

Une approche graduelle, en adaptant les quantités aux besoins tout en maintenant la possibilité de collations accessibles tout au long de la journée, participe à la lutte contre la dénutrition tout en respectant les rythmes de chacun.

Parmi les pratiques recommandées :

  • Proposer des parts plus petites sans renoncer à la diversité alimentaire
  • Rendre disponibles des collations simples comme des fruits coupés, des biscuits ou des jus adaptés entre les repas

Ces gestes permettent d’intégrer l’alimentation comme une activité continue, sans alourdir la perception du repas.

Le rôle du visuel dans l’appétit

Le dressage des assiettes agit comme une invitation à manger : couleurs, présentation distincte des éléments et identification des aliments participent à l’éveil de l’appétit.

Une enquête menée dans trois EHPAD lyonnais a révélé que les résidents attribuent de l’importance à l’apparence visuelle, cette dernière jouant un rôle d’indicateur de qualité.

L’enjeu devient plus délicat lorsque les repas doivent être mixés : les éléments perdent leur aspect identifiable et le résident peut se sentir déconnecté de ce qu’il mange. Il reste pourtant possible de préserver cette dimension en veillant à séparer visuellement les différents aliments dans l’assiette afin de préserver l’identité de chaque saveur.

Prendre soin du goût et du visuel contribue directement à une meilleure prise en charge des résidents en Ehpad, en consolidant leur appétit, leur autonomie partielle, et leur plaisir de vivre au quotidien.

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