Mode et fast-fashion : quel impact environnemental ?

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Chaque année, plus de 100 milliards de vêtements sont vendus dans le monde. En quinze ans, la consommation moyenne de textile par personne a bondi de 60 %, portée par un modèle industriel centré sur la production rapide, le renouvellement permanent des collections et des prix volontairement bas. Derrière cette accessibilité apparente, la fast-fashion repose sur une chaîne de fabrication intensive, aux conséquences souvent ignorées. Alors, quel est l’impact environnemental de la mode et la fast-fashion ?

Des ressources épuisées dès l’origine des fibres

La fabrication d’un vêtement commence par l’extraction ou la culture de matières premières, souvent très consommatrices de ressources naturelles.

Pour mieux comprendre comment ces impacts sont évalués, nous vous recommandons cet article consacré à l’affichage environnemental des produits, qui compare la méthode PEF à celle de l’Ademe.

Le coton et son empreinte hydrique

Le coton, utilisé dans plus d’un quart des vêtements, est une fibre exigeante. Sa culture nécessite chaleur, absence de gel et, dans de nombreux cas, une irrigation abondante.

Son empreinte hydrique est estimée entre 4 000 et 10 000 litres d’eau par kilo de fibre, soit plusieurs centaines de litres pour un simple t-shirt.

L’eau utilisée dans la culture du coton se répartit en trois types, selon son origine ou son usage :

  • L’eau verte, issue des précipitations absorbées naturellement par les sols
  • L’eau bleue, prélevée dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau
  • L’eau grise, nécessaire pour diluer et évacuer les substances polluantes

L’eau bleue, consommée directement, exerce une pression sur les ressources locales. En Ouzbékistan, le détournement des fleuves pour irriguer les plantations de coton a contribué à l’assèchement progressif de la mer d’Aral, provoquant l’effondrement de son écosystème.

Une culture saturée d’insecticides

Vulnérable aux parasites, le coton fait partie des cultures les plus traitées aux insecticides. Certains produits contiennent des composés dérivés de l’arsenic, toxiques pour la santé des travailleurs et l’environnement.

Bien que le coton biologique limite ces intrants, il représente moins de 1 % de la production mondiale, freiné par des coûts plus élevés et une main-d’œuvre plus intensive.

Fibres synthétiques et dépendance au pétrole

Le polyester, le nylon, l’élasthanne ou l’acrylique sont issus de la pétrochimie. Le polyester domine le marché et nécessite à lui seul près de 70 millions de barils de pétrole par an.

La transformation de ces hydrocarbures en fibres textiles entraîne d’importantes émissions de CO2, supérieures à celles du coton selon les rares études disponibles.

Une transformation industrielle à forte intensité carbone

La transformation industrielle de la fibre en tissu et du tissu en vêtement mobilise beaucoup d’énergie, principalement fossile, et rejette de nombreuses substances chimiques.

Des émissions concentrées dans les phases de production

Le secteur textile serait responsable de 5 à 10 % des émissions mondiales de CO2. Les deux tiers de cette empreinte sont liés à la transformation industrielle : filature, tissage, assemblage.

À chaque étape, les machines utilisées consomment de grandes quantités d’énergie.

Des traitements techniques polluants

Avant la teinture, les fibres reçoivent des traitements à base de colles, cires ou huiles. Lors du lavage, ces substances sont rejetées dans les eaux usées.

Dans de nombreuses zones de production, ces effluents ne sont pas traités, contaminant durablement les rivières. Les textiles imperméables contiennent souvent des composés perfluorés (PFAS), persistants dans l’environnement.

Des finitions toxiques pour l’environnement et la santé

Les traitements de finition (blanchiment, teinture, délavage) utilisent des produits chimiques variés. Le blanchiment à la javel libère du chlore non biodégradable. Les pigments de teinture contiennent souvent des métaux lourds comme le plomb ou le chrome, toxiques pour les ouvriers et les écosystèmes.

Chaque année, 4 milliards de tonnes d’eau sont mobilisées ou contaminées pour teindre 30 milliards de kilos de tissus.

L’ONU classe l’industrie textile comme deuxième source de pollution de l’eau à l’échelle mondiale. La Banque mondiale estime que 17 à 20 % des eaux usées industrielles dans le monde proviennent de ce secteur.

Le sablage des jeans, utilisé pour leur donner un aspect usé, projette du sable à haute pression. Les ouvriers, souvent non protégés, inhalent de la silice, à l’origine de maladies respiratoires graves comme la silicose.

En Chine, la rivière Li, autrefois appelée « perle du sud », est aujourd’hui contaminée par les rejets de métaux lourds issus de la teinture des jeans. L’eau y est devenue impropre à la consommation et à la pêche.

Réduire l’impact environnemental des vêtements

Limiter les effets de la fast fashion passe par des choix plus sobres à chaque étape du cycle de vie du vêtement : achat, usage, entretien et fin de vie.

Comme pour réduire la consommation d’énergie dans sa maison, adopter des gestes simples et réfléchis permet d’alléger son empreinte écologique au quotidien :

  • Choisir des matières plus responsables (coton bio, lin, chanvre, fibres recyclées)
  • Entretenir ses vêtements avec parcimonie (lavage à 30 °C, séchage à l’air libre)
  • Privilégier la seconde main, la location ou la réparation
  • Éviter les achats impulsifs en se tournant vers des pièces durables et réparables

Adopter ces gestes permet de ralentir le rythme de production textile et de réduire la pression sur les ressources naturelles.

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